L’ancrage corporel des langues
ADEN Joëlle – Université du Maine,
UNAM, CREN EA 2661 – INEDUM
j.aden@numericable.com
Les avancées des neurosciences cognitives redessinent depuis plus de vingt ans les cartes conceptuelles de la connaissance sans que cela n’ébranle fondamentalement les didactiques. Beaucoup de recherches actuelles en didactique des langues et du plurilinguisme, focalisées sur l’exploration et l’analyse de dispositifs, s’appuient implicitement sur une vision solipsiste et représentationniste de la connaissance et du langage. Pourtant, la phénoménologie contemporaine, les théories émergentistes et plus particulièrement la théorie de l’énaction (Varela) à laquelle j’adosse mes travaux, font partie de ces courants qui remettent
profondément en question ce que veut dire « apprendre et enseigner des langues ».
Nombre de notions et concepts contemporains, à la croisée de plusieurs champs disciplinaires, nous laissent entrevoir un tournant ontologique inéluctable. J’évoquerai notamment la phénoménologie de l’action conjointe (Parcherie, 2012), l’auto-poïèse (Varela, Maturana, 1987), la théorie du changement de point de vue (Berthoz, 2004), l’empathie (Berthoz & Jorland, 2004), (Thirioux & Berthoz, 2010). Ces avancées nous invitent à réintroduire l’expérience corporelle, le sensoriel, l’émotionnel au coeur d’une « pédagogie de l’entre », dans une logique translangues et transcultures. J’illustrerai mes propos par des expérimentations
en cours.