Bilan du colloque 2012

Comme chacun des colloques qui l’ont précédé le colloque de Nantes a proposé un retour réflexif sur un large éventail de pratiques pédagogiques s’articulant autour de quatre thématiques : les langues et les entreprises, enseigner les langues autrement, les dispositifs d’enseignement / apprentissage et langues et TIC. Vingt deux pays étaient représentés à travers près de quatre vingt interventions en plénières, en ateliers, symposiums et tables rondes. Les évolutions qu’ont connues depuis cinq à dix ans les sciences qui fondent la didactique des langues, tout particulièrement en psycholinguistique, en acquisition des langues et dans les neurosciences ont eu des conséquences que reflètent les thématiques du colloque. Ces résultats, souvent contre-intuitifs, heurtent parfois les représentations que les acteurs se font de l’apprentissage des langues, ce qui pose des problèmes pour que les changements induits soient acceptés, dans un domaine où tout un chacun pense savoir ce qu’il faut faire.

La didactique des langues et des cultures a sa place dans la cité, pour suggérer des stratégies à adopter en matière d’enseignement des langues. Par exemple, un groupe d’experts, pourtant anglicistes, avait indiqué qu’à l’école primaire il serait plus efficace pour le développement harmonieux des jeunes de favoriser les langues de proximité. Mais c’est l’anglais qui domine, partout, alors même que les recherches concernant les approches plurilingues se développent et en montrent la richesse pour le développement de l’individu.

L’un des axes du colloque envisage une autre approche de l’apprentissage de L2 qui prend en compte les émotions et leur rôle dans la mémorisation. En tête d’affiche, Joëlle Aden a développé le thème de l’ancrage corporel des langues. Sept communications font intervenir le cirque, la danse, le théâtre, la musique, le cinéma, le mime. Leur importance dans les programmes qui visent à l’intégration des jeunes migrants a été maintes fois démontrée.

Nous avons souhaité donner un coup de projecteur sur le sujet des langues dans l’entreprise. Onze communications y sont consacrées. Nous voulions sensibiliser les étudiants à ce domaine encore insuffisamment exploré et dont le potentiel est important. Il y a des besoins, des ouvertures pour l’emploi, et une formation adéquate est à développer dans ce domaine porteur. Mais il faudra pour cela déconstruire le mythe du locuteur natif, ce que la conférence de Claire Kramsch s’est donné pour but d’initier. La table ronde intitulée « La formation en langues en entreprises face aux contraintes du terrain et de l’environnement » dont Denyze Toffoli était la modératrice a rassemble à l’initiative de Sylvie Canevet Abderrahim, dirigeante fondatrice du Cabinet Conseils Kangourou, le capitaine Fauchard, Responsable de la formation en langues auprès de L’Armée de l’Air, Jean-Claude Lasnier, Expert auprès du Conseil de l’Europe pour les questions linguistiques, Maurine Luquet, Conseillere Formation Langues du Groupe Société Générale et Florence Mourlhon Dallies, enseignant-chercheur à l’ Universite de la Sorbonne Nouvelle-Paris 3. Le panel a permis de donner un aperçu de la situation de la formation en langues en dehors du contexte institutionnel.

Enfin une large part a été consacrée aux Technologies de l’Information et de la Communication qui entretiennent une longue histoire avec l’apprentissage des langues. De nouveaux outils ont été présentés :l’élaboration d’un lexique bilingue, d’une base de données de notes de cours produits par les étudiants, Diigo (tags) en traduction, la plate-forme d’apprentissage Moodle, les dictionnaires électroniques, les environnements virtuels, le tableau blanc interactif. Côté dispositifs ont été l’utilité des visioconférences , de l’apprentissage en tandem, en télécollaboration, le rôle des réseaux sociaux, les campus virtuels, les dispositifs mobiles et l’apprentissage informel. De ce catalogue à la Prévert il ressort qu’il il demeure essentiel d’en étudier le potentiel et l’impact dans l’apprentissage en raison des évolutions constantes à la fois dans les technologies et dans les connaissances en didactique des langues.

Les sujets abordés montrent le dynamisme de la recherche en didactique des langues et des cultures. Mais le cœur de la réflexion se porte sur la personne qui apprend : le mot apprentissage apparait vingt deux fois dans les titres des communications, enseignement onze fois et dispositif sept fois, ce qui témoigne, si toutefois c’était vraiment nécessaire, que l’intérêt des recherches en didactique des langues se porte d’abord sur les acquisitions langagières et la personne qui apprend.